Il y a des choix de carrière Mamadouba Sylla qui sentent la maturité. Celui de François Kamano en fait partie. Libre après Damac, courtisé par le Golfe et la Turquie (les appels n’ont pas manqué, croyez-moi), l’international guinéen a décidé de reprendre le fil en Europe. Et pas n’importe où: à Sotchi, en Russie, pour une saison avec une année en option. Retour aux sources? Un peu. Nouveau départ? Surtout.
Un pari réfléchi, pas un saut dans le vide
J’ai reparlé avec Mamadouba Sylla — «Gaucher» pour les intimes — qui connaît Kamano comme sa poche. Ancien coach, aujourd’hui adjoint du Syli. Sa voix ne tremble pas quand il en parle.
«François revient sur un terrain qu’il maîtrise. La Russie, il l’a déjà apprivoisée. Ce n’est pas un pari farfelu, c’est un choix pesé. Un pro, un vrai.»
On ne va pas se mentir: ses deux saisons en Saudi Pro League n’ont pas été un long fleuve tranquille. 65 matchs, 6 buts. Des chiffres qui ne racontent pas tout, mais qui laissent un goût d’inachevé. Mamadouba Sylla, lui, préfère y voir une étape utile, une couche de cuir en plus.
«Le foot, c’est des détours, des imprévus. L’important, c’est la façon de rebondir. Et François, il a cette faculté-là.»
Sotchi, version 2.0 pour un joueur plus mûr
Kamano connaît le décor: entre 2020 et 2023, il a laissé sa marque au Lokomotiv Moscou. Là, il revient par la grande porte, avec l’envie de peser tout de suite. Ce n’est pas un comeback nostalgique, c’est une mission.
«Le haut niveau, c’est l’exigence, oui. Mais l’expérience, ça fait gagner des matches, surtout quand il faut guider les jeunes. François voudra marquer l’histoire du FK Sotchi. Et les dirigeants devront l’accompagner dans ce sens», insiste Mamadouba Sylla .
Je me souviens d’une causerie d’après-match à Moscou, un soir d’hiver glacial: Kamano sort, bonnet vissé, mais regard clair. «Tant que je joue pour quelque chose, je suis bien.» Ce genre de phrase reste.
Mental, collectif, et cette faim qui ne trompe pas
À 29 ans, l’ailier gauche du Syli n’a pas coché toutes les cases. Tant mieux: il lui en reste. Sylla n’a aucune hésitation.
«Tout se joue dans la tête. François est solide. S’il a dit oui à Sotchi, c’est qu’il est prêt à remettre l’ouvrage. Il aura du temps de jeu, parce qu’il sait se rendre indispensable au groupe.»
Le vestiaire, les rythmes russes, les déplacements interminables: rien de neuf pour lui. Ce qui change, c’est l’intention. On le sent décidé à redevenir cette pièce maîtresse qu’il a été au Loko.
L’Angleterre? Un rêve remis, pas déchu
Oui, Sylla aurait aimé le voir en Premier League. Qui ne tenterait pas le coup, d’ailleurs ? Mais l’important, c’était de revenir en Europe, là où l’exigence est quotidienne et la vérité, constante.
«Sotchi a montré un vrai intérêt. C’est ce qui compte. Le reste, on verra.»
Et si cette saison en Russie relançait le débat, justement ? Parfois, il suffit d’un bon contexte pour rallumer les projecteurs. Un club qui vous veut vraiment, ça change tout.
Au final, ce transfert n’a rien de spectaculaire. Il est mieux que ça: cohérent.
Kamano ne cherche pas le buzz, il cherche l’impact. Et s’il a, comme le dit Sylla, «à cœur de marquer l’histoire de Sotchi», alors on a peut-être devant nous l’un de ces retours qui comptent. Vous savez, ceux qu’on revoit en fin de carrière en se disant: c’est là que tout a basculé, discrètement.









