Date de publication : 23.12.2025
Aux Comores, le cœlacanthe est bien plus qu’un surnom d’équipe nationale. Poisson préhistorique âgé d’environ 410 millions d’années, il est à la fois emblème du pays, symbole de biodiversité et miroir des ambitions sportives et scientifiques de l’archipel. Alors que la sélection comorienne dispute sa deuxième Coupe d’Afrique des Nations (AFCON), cette histoire singulière entre un petit État insulaire et une espèce longtemps considérée comme disparue prend une résonance particulière.
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- Un poisson préhistorique devenu emblème national
- De « fossile vivant » à sensation scientifique mondiale
- Pourquoi les Comores s’appellent « Les Cœlacanthes »
- AFCON 2025 : les Comores sur la scène continentale
- First Descent: Comoros, une mission sous-marine inédite
- Le cœlacanthe, reflet des espoirs d’un petit pays
- Quelles perspectives pour le football et l’océan comoriens ?
- FAQ – Cœlacanthe et équipe nationale des Comores
Un poisson préhistorique devenu emblème national
Le cœlacanthe – appelé localement Gombessa – est l’emblème officiel des Comores. Cette espèce de poisson, apparue bien avant les dinosaures, est considérée comme l’un des symboles les plus forts du patrimoine naturel de l’archipel.
Pour les Comoriens, le cœlacanthe représente à la fois la richesse de leur biodiversité marine et la singularité de leur pays dans le monde. Très peu de régions peuvent revendiquer la présence d’une espèce aussi rare sur leurs côtes, ce qui confère aux Comores une identité scientifique et écologique particulière.
Aujourd’hui, l’archipel est l’un des rares habitats connus du cœlacanthe, ce qui renforce le sentiment de responsabilité nationale vis‑à‑vis de sa protection.

De « fossile vivant » à sensation scientifique mondiale
Pendant des décennies, le cœlacanthe fut considéré comme éteint. Les biologistes ne le connaissaient qu’à travers des fossiles, et son existence actuelle semblait relever de la science‑fiction.
Tout bascule en 1938, lorsqu’un premier spécimen vivant est redécouvert au large de l’Afrique du Sud. En 1952, un deuxième exemplaire est pêché près des Comores. Cette découverte spectaculaire réécrit les manuels de biologie et place le petit archipel au cœur d’une des plus grandes histoires de la science moderne.
Depuis, les Comores sont régulièrement citées comme une zone clé pour l’étude du cœlacanthe. Par les données disponibles, l’archipel figure parmi les très rares régions où ce « fossile vivant » a été observé, ce qui fait de ses eaux un laboratoire naturel pour les chercheurs.
Pourquoi les Comores s’appellent « Les Cœlacanthes »
Dans le sport, le cœlacanthe est devenu le surnom commun de presque toutes les sélections nationales : équipe de football, de basketball, et même certains athlètes individuels.
« Qu’il s’agisse de l’équipe nationale de football, de basketball ou des sportifs individuels, tout le monde nous appelle les cœlacanthes. C’est une partie intégrante de notre histoire et de notre patrimoine, et quelque chose que nous devons préserver, tout comme notre océan », explique le ministre comorien de l’Environnement, Abubakar Ben Mahmoud.
Sur les maillots de football, le cœlacanthe apparaît comme un symbole visible de cette identité partagée. Le choix de ce poisson rare comme emblème dépasse le cadre du marketing : il rappelle en permanence la relation intime entre les Comores, leur océan et leur biodiversité.
AFCON 2025 : les Comores sur la scène continentale
En décembre, les Les Cœlacanthes, l’équipe nationale de football des Comores, disputent la Coupe d’Afrique des Nations pour la deuxième fois de leur histoire. Pour un pays de moins d’un million d’habitants, cette présence répétée sur la scène continentale est un signe clair de progression.
Le début de tournoi a été compliqué, avec une entrée en lice face au Maroc, adversaire parmi les favoris. Mais au‑delà du résultat, l’enjeu est de montrer que les Comores peuvent rivaliser avec des nations bien plus grandes et s’installer durablement dans le paysage du football africain.
Le sélectionneur Hamada Jambay voit dans le cœlacanthe une image fidèle du parcours de son équipe :
« Le cœlacanthe, c’est l’histoire — des années et des années de résilience.
Ça montre que les Comores vont durer. Comme le poisson, nous étions au fond, et petit à petit nous remontons au classement. »
Cette métaphore résume l’état d’esprit de la sélection : patience, endurance et progression étape par étape.

First Descent: Comoros, une mission sous-marine inédite
Pendant que les joueurs se battent sur le terrain, une autre bataille, scientifique celle‑là, se joue sous la surface. Du 6 octobre au 14 novembre, la mission First Descent: Comoros a mené la toute première exploration systématique des eaux comoriennes, de la surface jusqu’à 900 mètres de profondeur.
Dirigée par le gouvernement des Comores et l’organisation Nekton, en partenariat avec WILDTRUST dans le cadre du programme R‑POC, cette mission a exploré des zones marines encore jamais étudiées. Co‑dirigée par le Dr Nadjim Ahmed Mohamed de l’Université des Comores, et soutenue par 17 chercheurs comoriens, l’expédition a documenté de nouveaux habitats et lancé le premier programme de recherche comorien dédié spécifiquement au cœlacanthe.
« D’abord, cette espèce est très importante pour nous parce que c’est notre emblème national. En fait, elle figure sur le maillot de notre équipe de football. Ensuite, elle est très spéciale parce que les scientifiques, ou plutôt le monde entier, pensaient que cette espèce était éteinte », explique le Dr Mohamed.
Cette convergence entre symbole sportif et priorité scientifique donne au cœlacanthe une portée unique dans la société comorienne.
Le cœlacanthe, reflet des espoirs d’un petit pays
Pour une grande partie de la population, la résilience du cœlacanthe reflète le chemin des Comores elles‑mêmes. Malgré leurs ressources limitées et une démographie modeste, les Comores aspirent à exister au même niveau que des nations plus puissantes, que ce soit dans la recherche océanographique ou dans le football.
L’histoire du poisson longtemps cru disparu, puis redécouvert et protégé, inspire un discours de persévérance et de longévité. Le parallèle est assumé par les dirigeants comme par les acteurs du sport : si le cœlacanthe a survécu des centaines de millions d’années, alors l’équipe nationale peut, elle aussi, résister, apprendre et progresser.
Selon les informations disponibles, cette symbolique renforce également la fierté nationale : les supporters ne se reconnaissent pas seulement dans un drapeau, mais dans une espèce réelle, connue dans le monde scientifique, qui incarne leur pays sur la scène internationale.
Quelles perspectives pour le football et l’océan comoriens ?
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— Collins Okinyo (@bedjosessien) December 22, 2025
La coïncidence entre AFCON 2025 et la mission First Descent: Comoros illustre une double stratégie : se développer à la fois sur le plan sportif et sur le plan scientifique. Les bons résultats des « Cœlacanthes » peuvent attirer l’attention sur les Comores, tandis que les avancées de la recherche marine peuvent renforcer l’image d’un pays engagé pour l’océan.
Dans les années à venir, il est possible que de nouvelles expéditions viennent compléter les premières découvertes sur les habitats profonds et sur la population de cœlacanthes. Côté football, l’objectif sera de confirmer la progression en se qualifiant régulièrement pour l’AFCON et, à terme, viser les phases à élimination directe.
Dans ce contexte, le cœlacanthe restera un fil conducteur entre ces deux ambitions. À la fois emblème sur le maillot et sujet d’études scientifiques, il incarne la volonté des Comores de se faire une place durable, sous les projecteurs comme dans les profondeurs.








